MUSIQUE VIETNAMIENNE TRADITIONNELLE
Faut-il la conserver, l’innover ou la détruire?
Nguyễn
Vĩnh Bảo
Chaque époque pose des
problèmes à elle particuliers. En nous rattachant au passé, notre mission est
de préparer l’avenir et distinguer ce
qui est l’héritage de ceux qui l’ont précédé et ce qui nous revient en propre.
L’oeuvre musicale doit être constamment redécouverte, enrichie et renouvelée.
La diversité des oeuvres est la manifestation de la fécondité d’une esthétique,
conçue comme un impératif qui règne sur toute l’oeuvre musicale..
La vie de l’artiste est une
conquête liée à la conscience d’une valeur qu’il se sent appelé à réaliser dans
ses buts artistiques. Sa volonté artistique ne peut naïtre tout d’abord que de
la conscience qu’il prend de sa destinée historique. Sa pensée est, en même
temps qu’un aboutissement, une origine et un principe. Toute oeuvre nouvelle
peut offrir un mélange de tradition et de nouveautés. L’art musical est le plus
formel d’entre les arts. Nous pouvons aisément faire une oeuvre de poésie ou de
peinture sans tenir compte de l’évolution historique de ces arts, mais nous
sommes interdits de créer hors de la réalité de l’histoire. La musique. quel
que soit son aspect révolutionnaire, elle se relie toujours finalement à une tradition. La
création musicale, en son essence, n’est pas un élan aveugle ou une pure
libération effective ignorant des fins qu’elle se propose. Avant de créer du
nouveau, nous devons nous approfondir les formes musicales créés par ceux qui
l’ont prècédé, et être familiarisés avec elles et y mouvoir librement. Au lieu
de se remettre au hasard, nous devons créer en nous-mêmes une discipline
sévère, née d’un effort vers un but consciemment poursuivi.
La musique vietnamienne a
préféré à la richesse et à la finesse des nuances mélodiques orientales. Bien
des musiciens vietnamiens bien doués, mais sans s’être insérés dans l’histoire
de l’art musical, ont voulu anéantir l’authenticité de la pensée musicale du
passé. Une telle conception est évidemment fausse.
Toutes révolutions artistiques
qui prétendraient renier en bloc la totalité d’un passé sont considérées comme
un “modernisme démodé”, incapable de s’intégrer au développement historique de
la pensée musicale et qui cesse de vivre avant que le créateur cesse d’être.
Ainsi les oeuvres de valeur se
rencontrent en ce qu’elles obéissent à une logique générale de la pensée
musicale qu’on ne saurait enfreindre.
(Texte révisé)